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Édito : "À chacun je demanderai compte de la vie de son frère” (Gn 9, 5)
Un projet de loi, visant à élargir le mariage à des couples
homosexuels, ainsi que la possibilité de leur accorder d’adopter des
enfants, sera examiné par le Conseil des ministres le 24 octobre
prochain. Cette nouvelle ne doit laisser personne sans voix. Diverses
prises de position ne facilitent pas nécessairement la bonne
compréhension de la position de l’Église, cependant je suis souvent
étonné d’entendre des chrétiens reprocher à la hiérarchie de ne pas se
prononcer sur ces graves questions de société.
Les papes Jean-Paul II et Benoît XVI se sont exprimés à maintes
reprises sur le sujet. Les évêques de France avant les élections
présidentielles de mai 2012 ont publié parmi les éléments de
discernement un paragraphe sur la famille extrêmement clair.
Personnellement j’ai été amené à présenter la position de l’Église dans
au moins trois éditoriaux de cette revue en 2012. Il est curieux qu’il
soit si difficile de faire circuler l’information sur des sujets
absolument essentiels pour l’avenir de la société civile, malgré de
nombreuses publications écrites et autant de sites diocésains ou de la
Conférence des évêques de France (CEF) qui mettent à la disposition de
tous les divers éléments constitutifs de la tradition chrétienne.
Pour mémoire, je me permets de rappeler le texte publié par les
évêques de France en octobre 2011 : « En créant l’être humain “homme et
femme”, Dieu a suscité une relation de complémentarité à la fois
biologique et sociale qui se retrouve dans toute la société. La
différence sexuelle de l’homme et de la femme est fondatrice et
structurante de tout le devenir humain. De plus, l’union de l’homme et
de la femme scellée dans le mariage est le moyen le plus simple et le
plus efficace d’accompagner le renouvellement des générations et
d’accueillir les enfants pour les introduire en ce monde. La famille,
fondée sur l’union durable de l’homme et de la femme, doit être aidée
économiquement et défendue socialement car, à travers les enfants
qu’elle porte et qu’elle éduque, c’est l’avenir de la société qui est en
jeu. »
L’Église considère selon l’enseignement de la Bible que le mariage de l’homme et de la femme est voulu par Dieu. Le Catéchisme de l’Église Catholique
l’exprime précisément : « La communauté profonde de vie et d’amour que
forme le couple a été fondée et dotée de ses lois propres par le
Créateur. Dieu lui-même est l’auteur du mariage (GS 48,1). La vocation
au mariage est inscrite dans la nature même de l’homme et de la femme,
tels qu’ils sont issus de la main du Créateur. Le mariage n’est pas une
institution purement humaine, malgré les variations nombreuses qu’il a
pu subir au cours des siècles, dans les différentes cultures, structures
sociales et attitudes spirituelles. Ces diversités ne doivent pas faire
oublier les traits communs et permanents. Bien que la dignité de cette
institution ne transparaisse pas partout avec la même clarté, il existe
cependant dans toutes les cultures un certain sens pour la grandeur de
l’union matrimoniale. “Car le bien-être de la personne et de la société
est étroitement lié à la prospérité de la communauté conjugale et
familiale” (GS 47,1). » (CEC 1603).
Les chrétiens sont capables de comprendre que de nombreux
concitoyens, qui ignorent ou refusent l’éclairage des Écritures,
adhèrent à des idéologies contemporaines éphémères œuvrant en faveur de
la déstructuration de la famille et même de la personne elle-même. Sans
doute la plupart ne mesurent pas la portée des conséquences de leur
adhésion aux courants les plus largement véhiculés par les médias. Mais
les catholiques sont aussi en droit de manifester, comme tout citoyen et
en vue du bien commun, ce qui leur apparaît comme une rupture profonde,
susceptible de déstabiliser les plus fragiles et d’ouvrir la porte à
des comportements considérés comme aberrants pour le bon sens du plus
grand nombre.
Ce souci de construire l’avenir dans le respect de la famille
s’accompagne pour un chrétien d’une bienveillance réelle à l’égard de
chaque personne humaine. Désapprouver le “mariage” homosexuel n’oblige
pas à manquer de respect vis-à-vis des homosexuels. De bien des manières
l’Église tente d’être au service du chemin de sainteté de tous les
baptisés, sans considérer leur orientation sexuelle.
Prions l’Esprit Saint, afin qu’il nous montre comment être utile à
l’humanité en ayant l’attitude juste et charitable qui puisse dévoiler à
nos contemporains la beauté de la sexualité selon le Créateur à
l’école du bienheureux Jean-Paul II.
† Mgr Jean Legrez, op
Archevêque d’Albi, mercredi 26 septembre 2012
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